Alors que le projet d’arrêté sur la chasse semblait vouloir passer en force, la ministre Agnès Pannier-Runacher a finalement dû faire machine arrière. Pressions, absence de concertation, données scientifiques ignorées : retour sur une séquence qui interroge sur les priorités du gouvernement et la toute-puissance du lobby cynégétique.
Dans son flash info diffusé hier soir, la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a annoncé avec satisfaction le recul du gouvernement concernant le projet d’arrêté porté par Agnès Pannier-Runacher. Une tentative avortée de faire passer des moratoires sans la moindre concertation avec les acteurs de la chasse, ni même avec la rigueur scientifique que la Commission Européenne appelle de ses vœux.
Il aura donc suffi d’un froncement de sourcils du monde cynégétique pour que le projet capote. Un scénario tristement classique dans un pays où la chasse bénéficie d’une oreille privilégiée dans les hautes sphères. Ce qui interroge, c’est moins la vigilance des chasseurs que la légèreté avec laquelle le gouvernement semble s’autoriser à court-circuiter les processus de consultation, tout en négligeant les données scientifiques. Un passage en force qui, cette fois-ci, s’est heurté à un mur bien organisé et politiquement stratège.
La ministre a depuis rectifié le tir, parlant désormais d’un « dialogue franc et constructif » avec la FNC. Une formulation polie qui masque mal la réalité : il ne s’agira pas de co-construire des décisions équilibrées mais plutôt de préserver une paix fragile avec un lobby particulièrement influent.
Cet épisode met une nouvelle fois en lumière la difficulté persistante du gouvernement français à assumer des choix courageux en matière de biodiversité, notamment face à des groupes de pression bien installés. Le recul ministériel n’est pas seulement une défaite politique, c’est aussi une occasion manquée de démontrer que la protection de la nature peut – et doit – primer sur les intérêts particuliers.
On aurait pu espérer qu’en 2025, les décisions concernant la faune sauvage reposent enfin sur des fondements scientifiques partagés, et non sur des jeux d’influence d’un autre âge. Visiblement, ce n’est pas encore pour cette saison.
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